lundi 7 mai 2018

Interview de mon amie Aurore - Comédienne

INTERVIEW d'Aurore, comédienne !

Hello les ami(e)s !

Aujourd'hui je vous fais découvrir le parcours intéressant et inspirant de mon amie Aurore BRAUN, comédienne, qui a quitté son boulot d'infirmière pour se consacrer à sa passion!
En ce moment elle anime des ateliers d'expression auprès de personnes en situation de handicap
Elle nous parle de ce qui l'anime, ses moteurs, ses doutes, sa confiance en la vie...
Bonne lecture!
Coucou Aurore, peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivée à créer ces ateliers d’expression ?

Tombée dans la marmite étant petite (père cinéaste), j’ai toujours voulu être comédienne et suis devenue infirmière parce que j’aimais aider les autres, que c’est ce qu’on attendait de moi, que j’en étais capable et que c’était la seule case qui fonctionnait.

Mon rêve m’a rattrapée avec l’arrivée de mon fils. Sa naissance m’a ramenée à l’essentiel.

Il était émerveillé de tout, il m’a ouvert les yeux sur la vie !

Une fois ma décision prise de renouer avec moi-même la vie m’a ouvert des portes assez naturellement : petit rôle dans un long métrage puis expériences dans des petits films, je me suis remise au théâtre et j’ai découvert le jeu du « clown »

C’était une vraie rencontre. Travailler  le clown, aller à sa recherche m’a réappris à vivre pleinement le moment présent et m’a donné ce plaisir de vivre les choses à partir de l’intérieur et non plus à partir de ce que l’on attendait de moi.

Le clown m’a fait découvrir une nouvelle façon d’être dans la vie et sur scène.

J’ai alors commencé à me former là dedans et à faire des stages en plus des autres disciplines artistiques que je commençais à explorer (chant, danse, musique, écriture…)

Au même moment, étant toujours infirmière, j’ai fait une formation complémentaire dans une structure d’accueil pour personnes en situation de handicap : j’ai eu un gros blocage je ne voulais pas y aller ! Ma famille avait été famille d’accueil pour des personnes en situation de handicap quand j’étais enfant et je voulais couper avec tout ça.

Pas le choix, c’était une demande de ma hiérarchie. J’y suis allée.

Une fois là bas j’ai observé un intervenant musicien et vu tout ce qu’il apportait aux gens avec son art. J’ai découvert une vraie joie de vivre, une simplicité et une authenticité d’être chez ces personnes. Ca m’a profondément touchée.

Ensuite la vie m’a donné un coup de pouce : burn out au boulot car je ne m’y retrouvais plus entre stress, demande de productivité et peu de temps pour le relationnel. Le déclic était fait. Je n’avais plus envie d’y être.

Ma foi en la vie et le fait qu’elle soit un réel cadeau m’a aidé. J’ai fait appel à elle : je devais trouver une solution pour continuer à payer mes charges et vivre, tout en étant responsable de mon fils ( mère célibataire ), m’épanouir, lui donner le meilleur de moi-même et être disponible pour les personnes que je souhaitais aider, tout en quittant mon job. Un challenge à première vue impossible.

En mode « lâcher prise total », je m’en suis alors remise à Dieu. Quelques minutes après je tombais sur l’annonce d’une association parisienne qui cherchait une intervenante théâtre à quelques pas de chez moi. J’ai postulé alors que c’était une annonce réservée à des professionnels ayant déjà exercé ce genre d’activité.

Et j’ai été honnête dès le départ. A part des ateliers artistiques que j’avais mis en place pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, je n’avais jamais donné de cours.

Ils m’ont rappelé, on a longuement échangé et au bout d’une heure d’entretien ils m’ont dit que c’était moi qu’ils voulaient et qu’ils cherchaient une personne avec une polyvalence artistique et des qualités relationnelles comme les miennes.

En effet mon profil d’ancienne infirmière, mon touche à tout artistique, ma connaissance du public concerné et ma sensibilité pour les personnes fragilisées les intéressaient 

La vie est bien faite. A ce moment là je doutais beaucoup de moi, je ne croyais plus pouvoir être comédienne et en vivre mais c’était le moment ! Ca été le début de ma vraie vie. Le commencement de ce que je croyais inatteignable.

C’est beau ! Encore une fois quand on écoute notre cœur, notre intuition profonde, la vie nous soutient ! Qu’est ce qui te fait le plus vibrer dans cette activité ?

Cela me fait énormément plaisir de mettre de l’énergie dans ce que j’aime.

Etre à l’écoute des autres et de mon rythme pour faire les choses et pour créer.

Il n’y a pas de raison qu’une partie y perde. En étant infirmière je donnais beaucoup mais recevais peu. Là je donnais beaucoup et recevais au centuple.

C’était gagnant/gagnant, what else ? ;-)

Et puis dans cette nouvelle activité, je peux gérer les choses beaucoup plus en adéquation avec mes besoins.
J’aime le processus créatif, le soutien et la confiance que je peux apporter.

J’aime redonner de l’espoir et de la joie de vivre à ceux qui n’en ont plus ou qui en cherche d’avantage.

On est beaucoup à penser qu’on est plus digne de grand-chose alors j’aime sortir des préjugés. Malgré le climat actuel, nous sommes tous digne du meilleur mais pas au détriment de certains autres. C’est le juste équilibre à trouver.

Je suis persuadée qu’on a tous quelque chose d’unique à apporter  et que si on se permet de le vivre et d’accepter chacun comme il est, notre monde peut être meilleur.

Bien souvent c’est étouffé car on se conforme à ce qu’on pense que la société attend de nous
J’aime accompagner pour que chacun puisse retrouver sa clé personnelle du bonheur.

Les personnes en situation de handicap sont soit disant « différentes ». J’ai envie de porter haut et fort que la différence est une richesse et non un frein. Encore faut-il se permettre de l’exprimer.

J’aime aider les personnes en perte de confiance, les personnes fragilisées à accéder à leur originalité et ranimer si besoin leur étincelle de vie.

C’est ca que j’aime : voir émerger la vie, l’originalité de chacun en les accompagnant pour cultiver le meilleur !

Ton moteur ?

Ce qui me motive particulièrement c’est de dépasser les préjugés pour voir au delà des différences et permettre à chacun de vivre en toute dignité.
Je crois au don se soi mais pas au détriment de soi-même. Tu peux donner de toi uniquement si tu as quelque chose à donner. Il faut donc pouvoir remplir son panier de fruits pour pouvoir les distribuer ensuite.

C’est donc important pour moi de me ressourcer. Je le trouve en partie dans ma profession de comédienne au service des personnes fragilisées.

Quand tu sais que tu fais quelque chose qui fait du bien au gens, que ça te ressource et te donne un sens, tu as envie de donner toujours plus et tu rayonnes toujours d’avantage la joie de vivre. Comment être cohérente avec moi-même et montrer que la vie est un cadeau si je ne suis pas épanouie ?  Je travaille donc à l’être toujours d’avantage, mais pas n’importe comment.

Tu prépares beaucoup tes ateliers ?

Au début oui, j’ai un côté très perfectionniste, mais maintenant moins.

J’ai une trame et je m’adapte à mon public tout en gardant mon timing. J’adapte les séances en fonction des séances précédentes, des limites et besoins de chacun et en fonction de ce que je vois émerger et de vers où je vois que je peux les accompagner.

J’essaye de donner le maximum de confiance à chacun, je m’adapte à leur rythme.

A chaque atelier je travaille à ce que chacun puisse donner à chaque fois un peu plus de lui-même.



Peux- tu nous parler un peu plus précisément du contenu d’un atelier ? Ce que tu utilises comme médium ? (danse, impro, musique ?)

J’utilise principalement le jeu et le théâtre puis tous les outils artistiques dont je dispose (musique, danse, clown, chant notamment) qui aident à libérer le corps, l’esprit, les émotions.


Quelle est la place des émotions dans ton travail ?

Fondamentale et essentielle.

Je vis moi-même mes émotions comme elles viennent et c'est pas toujours facile.

Je suis une grande émotive et ca n'a pas été toujours bien perçu.

J’aime accompagner les gens à accepter, reconnaître et exprimer leurs émotions car elles ont le droit d’exister et ont un réel sens.

Elles sont bien trop souvent méconnues et jugées. Trop fortes « elles font peur » pas assez présentes « c’est pathologique ». Stop, c’est juste un équilibre à trouver !

Exprimer les émotions par le corps, c’est libérer des tensions qui ont justes voulu passer.

Les difficultés que tu rencontres ?

Le fait d’être perfectionniste.

Je vois toujours le potentiel de chacun mais j’oublie parfois qu’il y a de vraies limites.  

Accompagner les personnes là où elles en sont et ne pas vouloir aller trop vite. Etre patiente pour pouvoir réellement s’accorder au rythme de chacun et l’accepter comme il est et là où il en est.

Je me bats avec mes attentes pour les accompagner au mieux  car quand j’ai des attentes je peux tirer la personne mais ca ne va pas lui faire du bien.

Chacun à son rythme et ses limites et tout ce que je peux faire à mon niveau c’est d'accompagner et de donner le meilleur engrais.

Montrer à la personne qu’on croit en elle, lui faire confiance, en face d’une personne fragilisée je crois que c’est la meilleure chose qu’on puisse faire pour l’aider !

L’autre difficulté c’est de trouver l’équilibre financier.

J'ai divisé mon salaire par 2 et j'ai un enfant.

Je me laisse donc encore 1 an  en visant l’intermittence pour voir si c'est faisable sur le long terme.


Quel est ton statut actuel du coup ?

Je suis active chez Pôle Emploi ! ;-)

Mon objectif étant l’intermittence j’ai trouvé une structure qui propose une solution administrative et qui me fait les contrats (CDD-U, cachets, salaire) en fonction de ce que je propose comme intervention.

Ils ont un service juridique, tu peux faire des demandes de subventions et ils accompagnent les projets. Ils sont très humains, disponibles.

Ils sont au service de l’art, gère ce qui est complexe administrativement, connaissent le réseau et le fonctionnement de l’art vivant. Ca me laisse le temps de me focaliser sur l’essentiel, la création et mon activité.

As -tu des moments de doute ?

Oui j’ai souvent peur d’être trop utopique !

C’est difficile de faire 100 pour cent confiance à la vie mais on se relève toujours et on s’adapte !

Je perds souvent espoir quand les choses ne se passent pas comme je veux, quand il y a un obstacle. Maintenant je sais que ca ne veut pas dire que c'est la fin mais qu'il faut contourner le problème et trouver une autre solution.

Quand dans un ruisseau une pierre bloque le passage, l’eau ne s’arrête pas, elle contourne !

Comment fais tu pour retrouver la confiance ?

Je me ressource. Me recentre. Prends un temps de pause.

Je vais dans la nature, vois la beauté de la création et je me rends compte à nouveau comme tout est à sa place !

Le soleil se lève et se couche tout est parfait.

Ce côté doux et apaisant dans la nature me fait beaucoup du bien quand j'ai parfois du mal à supporter les dysfonctionnements de notre société actuelle.
 

Je crois que quand on a des valeurs comme la bienveillance, le respect, la non violence, la dignité, il ne faut pas perdre espoir et continuer à semer des graines. Elles finiront bien par pousser quelque part !

Je me suis toujours dit que la vie était un cadeau. Elle nous est donnée, pas vrai ?

Et bien quand le cadeau est mal emballé, c’est à nous de le chercher. Dans les moments difficiles, voir en chaque situation une opportunité d’avancer est une chance.

Des projets pour les mois à venir ?

Septembre à Décembre 2018 : « Lollipop, Clown Vagabond » : interventions clown en itinérance à travers la France, L’Espagne et le Cameroun. A destination des enfants fragilisés et personnes âgées.

Au courant de l’année si tout se passe bien : édition du livre « Le Monde de Siloé » : histoires à grandir

Un mot pour finir ?:)

Il faut continuer à croire en ses rêves et garder confiance en la vie.

Le chemin n’est jamais droit il y a toujours des hauts et des bas mais c’est normal !

Il faut juste continuer à regarder droit devant soi, avancer et ne pas baisser les yeux.

Un peu comme des équilibristes, non ? ;-)

Et puis je voudrais terminer avec un petit éloge à l’inclusion!

Rappeler combien nos différences sont une richesse et non un frein. Avant de juger l’autre, il serait peut-être bon d’essayer de le comprendre. Je suis persuadée qu’il y a une place pour chacun dans notre monde et que chacun à quelque chose de bien particulier à apporter. Notre force, si nous voulons bien l’accepter est dans le partage de nos différences.

Merci Aurore !
Voici le lien de ton site pour ceux qui aimeraient en savoir un peu plus sur tes activités :

https://www.aurorebraun.com/

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